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Poursuivons aujourd’hui notre aventure de coaching oral en « allemand, langue étrangère » avec nos apprentis en formation CFC « Agent/-e relation client » et voyons comment ils parviennent à progressivement surmonter leurs craintes de s’exprimer à l’oral en allemand et comment il est parfaitement possible de structurer une leçon de langues sans l’avoir nécessairement préparée. Je m’attarderai également dans cet article sur les choix pédagogiques que j’opère dans ce contexte très particulier de formation et j’en justifierai par la présentation d’exemples concrets que j’espère être parlants et utiles à mes lecteurs.
Ce cours d’Allemand (oral), langue étrangère que j’ai la chance d’animer depuis peu s’adresse à des apprentis en formation CFC « Agent/-e relation client » et se comprend comme un complément aux cours d’Allemand, langue étrangère qu’ils suivent à l’Ecole Professionnelle. Mes leçons n’ont donc aucunement la prétention de supplanter de quelque manière que ce soit les cours donnés aux apprentis au sein de leur Ecole Professionnelle et contrairement aux cours donnés au sein d’une école professionnelle, les apprentis n’y sont soumis à aucun examen ni à aucune forme de test.
Mon objectif personnel face à ce contexte très libre de cours-coaching est d’initier une fluidité de langage chez ces apprentis et de les pousser à s’exprimer, quelles que soient les barrières auxquelles ils pourraient être confrontés, le but étant de leur donner les moyens de contourner ces barrières en faisant usage des outils langagiers qui sont les leurs et en leur en fournissant de nouveaux (tout en gardant à l’esprit que le but premier est de leur permettre d’activer leurs acquis pour atteindre l’aisance d’expression orale voulue, sans chercher à passer à un niveau de compétences CECRL supérieur).
Ces cours se différencient de leçons que l’on donnerait dans un contexte de formation d’adultes stricte : ils se veulent un complément cohérent à ce qui est inculqué aux apprentis à l’Ecole Professionnelle, sachant que le contenu des cours de l’Ecole Professionnelle s’inscrit dans la continuité des cours de langues qui ont été donnés à ces mêmes apprentis lors de leur formation obligatoire en cycle dit secondaire. De plus, il s’adresse à de jeunes adultes encore très imprégnés de leur formation scolaire à peine achevée et qui – dans leur manière d’appréhender un cours de langues – sont parfaitement à l’aise avec un coaching qui leur présenterait des concepts grammaticaux qu’ils ont étudiés au cycle secondaire dont ils viennent tout juste de sortir.
Ceci étant posé, le défi pédagogique et didactique consistera donc ici à se baser sur ces compétences acquises aux deux niveaux de formation précités et de les appliquer à ce qui fait le quotidien professionnel des apprentis, l’objectif étant de leur faire gagner en fluidité orale dans la langue-cible (Allemand, langue étrangère). Cette fluidité langagière doit leur permettre de dialoguer avec leurs clients sur des sujets ayant bien évidemment exclusivement trait à leur environnement professionnel (niveau langagier B1/B2), mais je n’oublie pas non plus qu’ils ne resteront pas nécessairement au sein de la même entreprise au terme de leur apprentissage (ni sur l’entier de leur carrière future) et je tente ainsi d’élargir l’apport de compétences langagières au-delà du contexte de leur formation professionnelle. Je précise à cet endroit que je n’entends pas le terme fluidité comme un synonyme de MAÎTRISE : un discours, même emprunt d’hésitations et d’erreurs peut s’avérer tout à fait fluide
Je profite des points d’achoppement qui surviennent au fur et à mesure des dialogues informels (mais professionnellement plausibles !) que j’initie avec eux en début de leçon pour clarifier les incertitudes grammaticales, de vocabulaire ou d’expression langagière (écrite ou orale) courantes qui se font jour. Il est bien clair que ces dialogues ne se font que dans la langue-cible. Ce faisant, je n’oublie pas que l’acquisition d’une fluidité d’expression orale dans la langue-cible est le plus ardu des exercices lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue, quel que soit le niveau de compétences dans lequel on se trouve.

Je les pousse ensuite à parler entre eux, ainsi qu’avec moi et à se lancer dans des jeux de rôles reflétant de situations professionnelles dans lesquelles ils seraient susceptibles de se trouver. Etant donné qu’ils connaissent parfaitement leur environnement professionnel et la nature de leur travail ils n’éprouvent pas de difficulté à planter un décor fictif qui sera la base de notre leçon. Je me charge alors de clarifier les points de grammaire, de vocabulaire et de tournures de phrases qui doivent l’être au fur et à mesure de l’avancée des dialogues sans oublier de les sortir de leur zone de confort si d’aventure ils devaient être trop à l’aise dans le niveau langagier naturellement fixé par le dialogue ainsi initié (le but étant qu’ils sortent de chaque leçon en ayant au moins fixé des sujets langagiers déjà abordés durant les cours donnés à l’Ecole Professionnelle ou au mieux en ayant appris de nouveaux aspects grammaticaux ou plus généralement langagiers).
Mon rôle consiste donc à tenir la barre et à m’assurer de maintenir le dialogue dans un contexte professionnel, grammatical et généralement langagier qui soit non seulement gérable par les apprenants, mais qui leur assure un apport utile de nouvelles compétences langagières (la notion de « compétences linguistiques » se comprend ici tant au niveau grammatical qu’au niveau du vocabulaire, mais également en termes de structure de phrase).
Je précise que la clarification grammaticale précitée ne se comprend que dans le contexte langagier duquel je la tire et que ceci n’est aucunement un prétexte pour présenter une règle grammaticale dans son intégralité, avec tous les cas de figure langagiers auxquels elle pourrait s’appliquer ni avec les exceptions que cette règle pourrait impliquer. Bien au contraire, je mets un point d’honneur en un tel cas à me cantonner au contexte qui aura été à la source de cette explication.

Ceci permet également de concrétiser l’apprentissage de la langue et de ne pas leur imposer de structure de cours prédéfinie, étant donné qu’ils plantent eux-mêmes le décor dans lequel leur dialogue aura lieu et qu’ils sont libres – à tout instant – d’en changer le cap. Il me tient à cœur que les apprentis soient conscients de ceci, car cette manière de faire les responsabilise face à l’apprentissage de la langue étrangère.
Les inputs des sujets grammaticaux et syntaxiques que j’aborderai durant ces leçons-coaching viendront donc naturellement des apprenants qui prennent ainsi d’eux-mêmes le lead de leur cours d’allemand ce qui me paraît être une manière très constructive, proactive et impliquante d’envisager un cours de langue un peu hors circuit par rapport à ce qui se ferait dans un contexte scolaire ou même dans un contexte plus formaté de formation d’adultes que je qualifierait d’officielle (telle qu’elle se pratique tout à fait pertinemment au sein des écoles de langues). Je profite également des blancs auxquels les apprentis sont confrontés lorsque je leur demande de s’exprimer oralement dans la langue-cible pour nourrir la leçon d’un apport de vocabulaire nouveau et/ou d’un rappel de vocabulaire déjà connu. Nonobstant je reste durant tout le cours maître du temps et garante du fait qu’on ne dévie point des objectifs fixés.
Je ne mets aucunement en doute le fait que d’aucuns rejetteront la manière de procéder que je décris ci-dessus : pourtant pour un cours tel que celui-ci qui se caractérise par son absence de cahier des charges, d’objectifs fixes et de supports de cours, je trouve qu’elle permet de coller tant aux attentes des apprenants, qu’à celles de leur employeur actuel, comme à celles de l’Ecole Professionnelle et de leurs futurs employeurs potentiels. Enfin elles collent également à mes attentes en qualité de formatrice : j’espère donc qu’ainsi la pertinence du cours est justifiée. Nous voici donc face à ce que nos amis anglosaxons qualifient pertinemment de WIN-WIN SITUATION : que demander de plus ?

J’y vois également un autre intérêt, à savoir celui qui consiste à implicitement responsabiliser les apprenants quant aux objectifs de cours fixés. En effet, les choix de vocabulaire et de tournures de phrase qu’ils feront d’eux-mêmes dans le déroulé spontané des dialogues de cours détermineront des sujets langagiers abordés durant la leçon et contrairement à ce qu’on pourrait penser, les apprentis sont très conscients de l’importance de pratiquer l’allemand en Suisse et posent énormément de questions : ceci prouve que l’intérêt d’apprendre cette seconde langue et de la maîtriser du mieux qu’ils pourront est bien là ce qui ne peut être que pleinement réjouissant pour un formateur.

Partant que ces leçons se donnent en Suisse, je pense qu’il est également important de sensibiliser les apprentis à certaines différences langagières existantes entre ce que l’on qualifie communément de « bon allemand » (Hochdeutsch) et le Suisse Allemand (Schwyzertütsch). Même si je ne parle pas moi-même Suisse Allemand, je traite depuis plus de vingt ans quotidiennement avec des clients suisses alémaniques s’exprimant dans leur dialecte : je pense donc avoir ainsi été (et être encore) suffisamment en contact avec la langue suisse alémanique pour me permettre – à de rares occasions – quelques ponts, tel que celui présenté ci-dessus.
Dans un tel contexte de cours le formateur/la formatrice n’oubliera bien évidemment pas d’amener lui-(elle-)même la matière sus mentionnée si les apprenants devaient ne pas suffisamment s’exprimer ou être un peu empruntés au début quant à la manière de procéder : on n’oubliera pas qu’il est important que ces leçons soient utiles aux apprentis et que – comme dans tout type de cours – un rythme de cours soit maintenu afin de s’assurer de garder intacte l’attention des apprenants. Dans cette optique on gardera à l’esprit l’importance de leur amener suffisamment de matière durant la leçon afin de fixer les compétences dont il ont besoin et qui devront être les leurs en Allemand, langue étrangère au terme de leur formation d’apprentissage.
Toujours dans ce soucis d’enseigner l’AUTONOMIE à mes apprentis je leur demande de prendre des notes relatives au contenu du cours, et ce de leçon en leçon. Je les laisse libre e noter eux-mêmes ce qu’il leur semble important de noter dans leurs cahiers (ou autres supports de cours laissés à leur libre choix), ce qu’ils font de manière assidue, comme j’ai pu en relater dans un article précédent.
Je suis parfaitement consciente de proposer à mes apprentis des concepts grammaticaux et des manières de présenter ces derniers qui sont en décalage avec ce qui leur est enseigné en la matière (bien que le fond de la question reste bien évidemment toujours le même) et que ma manière d’aborder ces questions langagières n’est plus d’actualité (que ce soit dans un cours de langue en formation d’adultes stricte ou même par rapport avec ce que mes apprentis voient lors de leurs cours), mais je le fais en toute conscience car j’estime que c’est précisément là que réside (peut-être) la plus-value langagière que je souhaite leur apporter durant ces leçons.
Seul l’avenir me permettra de vérifier si cette façon de voir les choses et cette manière de procéder se seront avérées pertinentes : à ce jour je ne peux que constater le fait que cette manière de faire motive de toute évidence mes apprenants et que – conformément à leurs feedbacks personnels – il semble qu’elle leur soit utile tant dans leur appréhension et leur compréhension globale de la langue allemande que dans l’exercice quotidien de leur profession.
Que demander de plus ?
J’en resterai là pour ce compte-rendu et j’attends avec impatience les leçons futures afin de vérifier si ce pari didactico-pédagogique portera des fruits et s’il n’y aura pas là matière à ouvrir une voie intermédiaire dans la manière d’enseigner une langue.
Merci de m’avoir lue.